Première œuvre de John Keene, Annotations est à la fois un geste autobiographique, le portrait d’une ville – Saint- Louis, dans le Missouri –, et une série d’improvisations proches du jazz, qui agglomèrent images, sensations, références musicales et littéraires, et sentences atteignant parfois un haut degré d’abstraction. Le livre relate l’enfance d’un garçon noir de la classe moyenne qui naît en 1965 – l’année des émeutes de Watts –, grandit dans un quartier du centre-ville, puis de la banlieue de Saint-Louis – gentrification oblige –, puis finit par entrer à Harvard. Ses préoccupations intellectuelles, son intérêt croissant pour la littérature et la poésie, le distinguent bientôt de ses camarades. L’énigme du corps et du désir, qu’il apprend peu à peu à déchiffrer, l’éloigne également d’une norme dont son cheminement singulier l’affranchit. Dans une prose dense, cadencée, souvent allusive, qui multiplie les échos et les registres de langue, John Keene signe un premier roman audacieux, qui préfigure par bien des aspects son œuvre majeure, Contrenarrations.