C’est sous le signe de l’atavisme et de l’ancestral, de l’attachement de l’auteur à ses collines natales des Langhe que s’anime ce sobre et puissant tableau de la vie paysanne piémontaise de l’entre-deux-guerres.
La parole est rare dans cette société sans écriture et les règles immémoriales de la misère aussi élémentaires qu’intransgressibles. L’effort pour le corps et la terre. Le silence, la fierté et la prière pour l’esprit. Avec une intensité digne des plus grandes épopées, Fenoglio nous raconte ce que fut la vie d’Agostino : son passage à l’âge d’homme, ses deuils, ses servitudes, la joie fugace de son amour pour Fede. Quelques saisons d’une vie simple et héroïque, écrasée par le mauvais sort.
Avec Le Mauvais sort (1954), Beppe Fenoglio a composé une fresque sobre et puissante, sur son pays natal. La beauté de l’écriture, précise et vraie, et le regard désespérément fraternel qu’il porte sur le monde s’imposent d’un même élan.