Au sein de l’œuvre de Gertrude Stein, Notre mère à tous occupe une place à part. Méditation sur l’histoire, celle des États-Unis et des luttes sociales qui ont marqué la société américaine, ce texte est aussi le tout dernier écrit par Stein avant sa mort, en 1946. Imaginé pour le compositeur américain Virgil Thomson, Notre mère à tous retrace la vie de Susan B. Anthony, suffragette et abolitionniste, figure cardinale du mouvement pour le droit de vote des femmes aux États-Unis. Avec malice, Stein se joue des vérités historiques et tord les règles de la langue dans cet opéra d’une éclatante modernité. Tout en y déjouant la mécanique des discours de pouvoir, l’écrivaine américaine met en scène la difficile tâche qui, d’une époque à l’autre, consiste à faire entendre l’inflexible mélodie des voix dissidentes.